La rancune, néfaste ou obligatoire ?

Qu’est-ce que la rancune ? C’est un ressentiment tenace, un sentiment profond de mal-être, opinion négative envers quelqu’un suite à du mal, des offenses subies[1].

Je ne sais pas pour vous, mais moi, j’ai parfois beaucoup de difficulté à pardonner aux autres. Selon la gravité de l’acte. J’ai d’ailleurs cessé de parler avec un gars, il y a plusieurs années (sept ans exactement), à cause d’une réplique que je ne pourrai jamais lui pardonner. Mais ce n’est pas de cette histoire dont je veux vous parler aujourd’hui.

Récemment, j’ai revu mon ex. C’est mon mécanicien alors ce n’est pas la première fois que je le revois depuis notre séparation. Mais cette fois-ci, c’était chez lui, pas au garage. C’était pour ses compétences de mécanicien, mais c’était dans un certain autre contexte malgré tout. Et finalement, nous avons jasé de tout et de rien pendant près de 45 minutes. Ce qu’il était devenu, les projets qu’il avait entamés, ses relations amoureuses, les miennes, etc. Je devais absolument quitté, c’est pourquoi la conversation ne s’est pas poursuivie. Sinon, elle aurait pu durer un bon moment encore. Et ce fut un moment très agréable en sa compagnie.

Plus tard dans la soirée, j’ai raconté brièvement notre conversation à mon père. Tout de suite, sa première interrogation a été de savoir si je comptais revenir avec lui. Lui et moi, ça a duré quatre ans. Quatre ans de hauts et de bas. Plus de bas que de hauts dans la dernière année, pour être honnête. Et ce n’est pourtant pas parce que nous sommes de mauvaises personnes. Nous n’étions simplement pas faits pour être ensemble. Et ça, nous l’avons très bien compris lui et moi. Et c’est pourquoi nous savons pertinemment que ça ne servirait à rien d’essayer une nouvelle fois. Nos sentiments se sont envolés. Pour de bon cette fois.

Ce n’est pas tant qu’il s’inquiète pour moi qui me dérange. C’est plutôt parce que je savais quel genre de réaction il aurait eu si j’aurais eu l’audace de lui dire que oui, ça pourrait être envisageable. Il m’aurait calmement signifié que ce n’est pas une bonne idée, que je vais encore souffrir, etc. C’est très légitime comme réaction, un père qui veut protéger sa petite fille. Je me compte même très chanceuse d’avoir un tel père.

Mais ce n’aurait absolument pas été comparable à la réaction de ma mère. Elle, elle aurait réagit plus violemment, disons. Mon père est calme, ma mère, explosive. J’ai encore le souvenir de l’année dernière quand je leur ai annoncé la nouvelle. Elle ne l’a pas très bien pris. Le ton avait légèrement monté. Elle, elle ne lui avait franchement pas pardonné la peine qu’il m’avait fait endurer.

Et pourtant, c’est moi qui ai souffert dans cette histoire. C’est moi qui devrais être rancunière envers lui. Ou pas. Pas mes parents. Si moi, j’ai réussi à lui pardonner, alors eux aussi.

Oui, j’ai eu énormément de peine. Oui, je croyais du fond du cœur qu’il était le bon. Que lui et moi, ce serait nous VS le monde. Qu’il était mon âme sœur, ma moitié, appelez ça comme vous voulez. Et je me suis trompée. Il s’est trompé aussi. Parce que lui aussi le croyait. Ou plutôt, lui aussi essayait de se convaincre que je l’étais. Et c’est ainsi qu’on a compris que ce n’était pas le cas, finalement. Ça m’a brisé le cœur comme jamais. J’ai cru ne jamais pouvoir le remplacer. Que jamais je ne pourrais être heureuse en amour. Mais j’avais tord. J’avais perdu confiance en la vie. Mais elle est revenue. Dieu merci !

Et je lui ai pardonné. Parce que ce n’était pas sa faute. Ce n’est pas lui qui a fait en sorte que la relation batte de l’aile. Il n’a pas aidé, je n’ai pas aidé, la vie est ainsi fait. Nous n’étions pas dus, tout simplement. J’ai eu de la peine, oui, par «sa faute», évidemment. Parce que c’est lui qui a ouvert les yeux en premier. Lui qui m’a fait souffrir avec la vérité. Mais justement, c’était la vérité qu’il me faisait voir. Ça ne servait à rien de se voiler la face, nous serions plus heureux séparés qu’ensemble.

La rancune n’a donc pas sa raison d’être. Il avait raison. Il a toujours eu raison cet enfant, c’était vraiment agaçant ! Mais il a toujours été plus terre à terre que moi, rêveuse invertébrée.

Finalement, pas de crise à prévoir chez mes parents, ça n’arrivera pas. Mais si effectivement, c’était dans nos plans, leur réaction aurait été plus que prévisible. Comme mentionné plus haut, ils s’inquiètent pour leur petite fille, uniquement. Je peux le comprendre, mais mon bonheur ne devrait-il pas être leur principal souci ? Si je suis heureuse dans ma décision, n’est-ce pas le plus important ? Qu’importe la personne qui me redonne le sourire ?

Ça ne sert à rien de garder de tel ressentiment en nous. Ça nous brise plus que d’autre chose, si vous voulez mon avis.

Vais-je, un jour, réussir à pardonner les paroles qu’on m’a dites il y a sept ans ? Je ne saurais dire, seul le temps nous le dira. Je l’espère, mais j’ai quelques doutes. Ce qu’il a dit est beaucoup trop irrespectueux. Je ne le vois que très rarement, heureusement. J’arrive donc à l’oublier le reste du temps. Mais je dois tout de même tenter d’appliquer mon propre conseil…

Alors, la rancune, néfaste ou obligatoire ? Selon moi, elle nous rend malheureux uniquement. Alors retirez-la de vos vies. C’est mon avis !

[1] http://www.le-dictionnaire.com/definition.php?mot=rancune

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